Un jeune homme s’assoit sur le banc du square face à une maison bourgeoise des années trente. Le jour déclinant peu à peu, l’arc d’une fenêtre s’irise d’un store rose thé.
Il remonte son col prêt à se lever pour partir, quand soudain apparaît en ombre chinoise, un corps nu longiligne. De son index il trace dans l’air frais du soir les contours élancés de l’apparence qui semble attendre son geste, ployer et onduler sous l’esquisse du doigt. Fasciné, il sent monter en lui un désir fou, attisé d’impossible. Un long ballet sensuel s’éternise.
En un éclair, l’ombre chinoise se déchire du bas vers le haut, révélant la crudité d'albâtre d'un corps nubile de jeune garçon. D’un geste brusque de cisaille, il ouvre la fenêtre, étire prestement comme deux tentacules blanches, qui vont tirer et clore avec fracas, deux volets de bois, percés d’un cœur rose thé.
Le promeneur saisi d’un haut le cœur, resserre son manteau autour de lui et allonge fermement le pas au long des allées lointaines, se réchauffant en sa lumière intérieure.